jeudi 30 novembre 2017

petits riens






sur les feuilles mortes 
l'eau
que répand la lune  ( sonome)

lumières 
que déchire
l'horizon

passé le portail
j'ai rencontré un ami
soir d'automne ( buson)

solitude
fraîcheur 
ah goûter seulement l'ombre


mercredi 29 novembre 2017

à l'abri





la rosée blanche
sa saveur solitaire
ne l'oublie jamais ( ryokan)

sous l'abri
feuilles après feuilles
je les ai comptées

ce chemin ci
emprunté par personne
ce soir d'automne ( ryokan )

au milieu des courbes
souvenirs mauves
de printemps

ne pleurez pas insectes
les étoiles elles aussi
sont transitoires ( issa )

voilà le jour 
entre silences
et brisures d'herbes




lundi 27 novembre 2017

"Cherchez la femme "





"Car quand on relit aujourd'hui l'Iliade et l'Odyssée, ce ne sont pas seulement Hélène, Andromaque ou Nausicaa qui renaissent sous nos yeux, mais plutôt ce qu'on pourrait appeler la synchronie du féminin : toutes les femmes qui habitent en nous chaque jour - la fille, la mère, l'épouse, l'amante, l'amie - et que les femmes d'Homère savent incarner à la perfection. Ces femmes c'est nous...."
" C"est donc la mémoire de nous-mêmes en tant que femmes qu'Homère nous a laissée en héritage. Cet héritage mystérieux jamais dissipé, mais qui, au contraire, redevient toujours contemporain et présent. Chaque jour, nous sommes à la fois Hécube, Andromaque, Hélène, Calypso, Circé ou Nausicaa. Synchroniquement." 1


 1. Andrea Marcolongo, Cherchez la femme, Le point 2341, 20.07.2017.







vent froid
flaques d'eau
et deux trois reflets bleus

sur les brins d'herbe
marchez amusez-vous 
gouttes de rosée (ransetsu)

glycine
contre le mur
échos du fleuve

la lune et moi
restées seules
prenons le frais sur le pont ( kikusha ni )

mouettes
vos cris
arrêtent le temps







samedi 25 novembre 2017

sous les pieds




froissements
frémissements
éclats

tous les mouvements 
du coeur
dans un seul frisson ( basho)

cet or
pourrissant 
à terre

oh comme ils sont verts
les longs filaments du saule
sur les eaux glissantes ( onitsura) 

vert
hirsute
là des heures entières





jeudi 23 novembre 2017

bavardages somnambules








poules d'eau
ragondins
endormis tellement

dormant à cheval
lointaine en songe la lune
vapeur de thé ( basho)

vapeur 
rivière ou fleuve
hume matin

le nom de voyageur
ne faut-il pas me donner
premières pluies d'hiver ( basho)

goutte goutte
délicatesse
branches nues

mercredi 22 novembre 2017

anecdotes d'hiver






broussaille
d'herbes d'herbes
si froide douceur

magnifique
par un trou dans la cloison
la voie lactée ( issa)

herbes cassantes
disséminées
à peine chantantes

toc-toc toc-toc
dans la brume approchant
qui cela est-il donc ( issa)

mousses d'herbes d'herbes
racontant la lumière
frissons du jour

mardi 21 novembre 2017

l'hiver au fil de l'herbe






vivre
avec les herbes
dans les herbes sous les herbes

le fond de l'eau
je l'ai vu, dit
le visage du caneton ( joso)

mousses et algues douces
pour un peu
on voudrait s'y allonger

l'oiseau
bec dans la poitrine
dort à la dérive ( ginko)

lundi 20 novembre 2017

entre les pierres





entre les pierres
le vent
les graminées

bruits d'hiver
à raz-de-terre
murmure l'eau

sans âge
si ce n'est
celui du présent
 
contre la grille
l'eau
les nuages s'amassent





dimanche 19 novembre 2017

l'hiver sans pourquoi le long de la rivière





elles étaient alignées prêtes à être empruntées miroir d'eau dure d'eau lourde d'eau fraîche et l'hiver était lui aussi à pied le long des berges un ami m'avait écrit hier soir la solitude des mots qu'il ne voulait imposer à personne fraternelle solitude une dame était venue parler d'une existence dont elle avait toujours cherché le sens depuis la mort du père et à la question de la différence entre sens et existence sans réponse aucune soudain elle a entendu résonner en dehors d'elle ces mots usés par la vie sonorités lallations devenues elles ne posaient plus qu'une question que voulaient-elles donc dire glougloutant dans cette eau amicale faite lalangue c'était sous les barques solitaires et toutes sont venues habiter le regard mouette qui rôdait au milieu de la rivière que donc voulaient-ils dire ces éclats énigmes en leurs voyages suspendus mais le vent toujours le vent ce matin encore




rumeurs sans conséquences





la barque et le rivage
bavardent
longue journée ( shiki)

si près des pierres
un ragondin
se désaltère

averse froide du soir
voix assourdie du crapaud
chagrin ( buson) 

bruit sourd dans l'eau
mouette 
et son poisson




samedi 18 novembre 2017

au tournant qui bifurque







dans ses lumières couleurs
a pulsé
la mémoire

la flamme de la lampe
est immobile
nuit de gel glaciale

là 
les éclats
mais le froid le froid si froid

à minuit
les voix des gens qui passent
quel froid !

il s'éloigne
dans les ruelles et les toitures
le vent toujours le vent

belle matinée
de bonne humeur le charbon
crépite crépite








vendredi 17 novembre 2017

le détail








elle s'est souvenue d'un détail dont parlait Daniel Arasse reflet dans un médaillon personnage tout en haut du retable reflet invisible vu d'en bas reflet indiscernable il l'a longtemps poursuivie comme cet ami imaginaire avec lequel l'on dialogue à volonté ombre dans les méandres du langage flottaison blanche fantôme détail détail tâche aveugle de la vie passe une mouche brouille regard s'attardant sur le lierre vitrail douceur du temps

dimanche 12 novembre 2017

qui brouille l'eau









respire le vent
trou d'ombre
en son ivresse

etoiles dans la mare
encore cette averse d'eau
qui brouille l'eau ( sora )

ployant
les herbes
le vent encore le vent

lune voilée
eau et ciel que brouille
la grenouille ( buson ) 

rien qui ne soit sourire
même les reflets
des pattes du cygne


vendredi 10 novembre 2017

vivre le fleuve



sais-tu qui il est
oui
le fleuve

dont les idées
toujours
au fil de l'eau

jour après jour
gouttes gouttes
rosée

feuilles
feuilles
se faisant fleuve




jeudi 9 novembre 2017

le froid ah le froid !







le froid le froid
l'eau bleuit
le ciel se rétrécit ( soseki)

herbes sèches
à travers 
le cri des mouettes

lune froide
le vent de la rivière
aiguise les rochers ( chora)

écureuils
ragondins
qui donc a ramassé les noix

si seul 
que je fais bouger mon ombre 
pour voir ( hosai) 

reflets tremblants
dans l'ombre des arbres
rôdant



mercredi 8 novembre 2017

voix fleuve




c'est un tronc d'où se lèvent fragments d'arbre de terre et puis d'herbe il y bourdonne le ressac du fleuve qui ne cesse de bruire de toutes ses matières brumes vents échos effrités d'hommes ils sont venus doubler les cris des mouettes et la cloche du soir cailloux sonores effilochés à fleurs d'écorce rez de silence



mardi 7 novembre 2017

la voix








dans le brouhaha je l'ai reconnue tout de suite comme tous les matins j'ai d'abord écouté ce qu'elle disait puis je ne sais pourquoi doucement je n'ai plus entendu que son timbre habillé d'accents qui contredisaient la simplicité qu'elle se voulait voix voix déshabillée de son vernis et derrière les pierres à travers les pierres s'est levé le fond du ciel et sous les pieds les herbes rosée attendaient le soleil au milieu des silhouettes endormies a résonné encore une fois la voix la voix somnambule la voix emphase la voix déplacée qui force le chemin et dit et dit peu importe ce qu'elle dit car elle diffracte dans la ville s'est dissoute dans les rues tandis que je glisse sur les rails ce matin encore je les emporte tous voix regards et olfactions toutes lumières dehors



dimanche 5 novembre 2017

l'instant rien




sans compagnon
jetée sur la lande
la lune d'hiver ( roseki)

rouge soie
froissement de vent
dernière fois peut-être

pas une seule pierre
à jeter au chien
lune d'hiver ( taigi )
 
levée de brume
cris au loin
voici la nuit





vendredi 3 novembre 2017

fragments de soir





un chien
aboie au bassin
nuit de lune ( bushi)

du jardin
des voix
sur le chemin
 
leurs propres reflets dans l'eau
effraient
les lucioles ( sutejo )
 
voûtes
rondes
berceuse du soir

splendide la voie lactée
à travers 
les déchirures du mur ( issa) 
  
automne traînant
à travers
les feuilles







jeudi 2 novembre 2017

absences




vent d'automne
il y a des pensées
dans la tête d'Issa
(Issa)

fleurs d'hiver
elle souhaitait tant les cueillir
absences absences

si calme
le verger de kakis
sous la lune d'hiver

des pas
sur le chemin
les mouettes s'envolent

même pourchassé
il n'a pas l'air pressé
le papillon

un seul livre
ce matin
les feuilles du jardin
 



 


mercredi 1 novembre 2017

le chemin





le vaste champ
avalé d'un trait
par le cri du faisan ( Basho)

soleil pâle
matin frais
frissons d'herbes le long de l'eau

un seau sans fond 
roule
dans la rafale d'automne ( Buson )

le chemin le chemin
et puis le vent
cailloux encore