mardi 29 septembre 2015

Métiers qui n'existent pas



-Que fais-tu de ta journée ?
-C'est un métier qui n'existe pas. J'y travaille tous les jours. Sans relâche. Accueillir le temps. En ses  éphémères. Et toi ?



-Ici il fait un peu humide. Mais quand mon ombre trempe dans l'eau. Il y perle des voyages. Dessus. Dessous. La page blanche du fleuve. Je ne compte pas mes efforts. C'est un métier qui n'existe pas. Il ne s'apprend nulle part. Mais j'y suis tous les jours. Sans relâche. Tout le long du courant. Entre les herbes folles. Qui gribouillent. Leur danse.

lundi 28 septembre 2015

Soleil d'automne




Si froid si froid
Depuis qu'il a plongé dans l'eau glacée



Il a frisé les feuilles
Sur leur calcaire douceur
Arasé l'érosion


D'où perlent rouges, rosées, succulentes 
Fleurs de rocailles, aptenias et griffes de sorcières

Elles habillent l'automne
Accrochées à flanc de côteaux


mercredi 23 septembre 2015

Histoires de choses

Les infos tôt ce matin
Flot continu déjà d'annonces, région nord pas de calais, sud paca
Et puis bourrasques et tempêtes et raz de marée
Sans discontinuer



Fracasse jour majuscule
Où rien ne passe
Ni vérités ni mensonges ni circonvolutions
Blé, riz, orge, fleurs, peut-être pluie aujourd'hui


Découpe instant 
Un seul
En son bougé de rouge
 


Sur le rebord de la fenêtre
Un bol vide

Le chat passera peut-être





lundi 21 septembre 2015

il pleut des riens


Il y en a qui disent : "grimper aux arbres"
Et qui n'en tombent pas


Et d'autres : "embarquer pour Cythère"


Et qui ne trouvent sur leur chemin que
Griffures sèches d'automne


Et des bogues vertes feuilles rousses
Où heurte le pied


 " Forget me not" ont-ils tous dit



Car sous l'acier et sous le verre



Il pleut des riens, 
Petites choses dénudées de leurs sirènes langage
Qui ne traversent pas la plaque froidure
D'un temps devenu hostile
Ah comment le rendre plus humain ?








dimanche 20 septembre 2015

Au-delà des murs


C'était une nouvelle architecture acier et verre contre tuffeau


Avec encore un déambulatoire serein comme un cloître
Qui essaimait ses idées
Gardées musée
Il y avait le pavillon des malpropres et des demi-agités
Des hommes et des femmes
Et des poules et des canards
Au fond tout au fond
Autrefois, il y a si longtemps


A l'intérieur des murs


Parfois troués


Echappées vers la grève soleil 


Avec le fleuve derrière les arbres


Et des volatiles qui vous font cygnes

C'était ailleurs



Des ombres éparpillées dans le corridor du temps
Solidaires énigmes humaines


jeudi 10 septembre 2015

Coulures du temps






replis, pliures, empreintes, laine rouge, encre bleue, essuyées, lissant ses traces ébouriffées




en leurs habits

couleurs de temps

lundi 7 septembre 2015

Plasticité de la langue



Henri Matisse disait à ses élèves : «…quand j’ai eu des élèves, je leur disais : Il faudrait commencer par vous couper la langue, car à partir d’aujourd’hui, vous devez vous exprimer avec des moyens plastiques uniquement "(1).

La langue devrait-elle altérer ses mots voire sa grammaire pour pouvoir dire elle aussi autrement.

Plasticité serait sa boussole. Matière instable qui remettrait sur l'établi son dense terreau pour dire encore et encore...










1. H. Matisse, Écrits et propos sur l’art, Paris, Herman 1972, p.308

samedi 5 septembre 2015

Comment ne pas voir ...




Ils ont dit qu'il n'était plus possible de ne plus entendre
Mais d'où ça vient  ?


C'est une douce lumière bleue
Qui n'existe que dans les yeux papyrus



Etrange marche où
Le monde est devenu sang
Comment ne pas voir...